Je n'appelle pas innocent celui qui est incapable de pêcher, mais bien celui qui ne peut pécher sans remords.

Elle a accepté de sécher la première heure, de toutes façons elle avait sport il me semble, ça n’est pas une grande perte, elle s’évitera une ou deux fractures, c’est déjà ça. Je me sens mal à l’aise, abominablement embarrassé d’être face à elle, juste auprès d’elle y suffit. Je ne peux m’empêcher de revoir ce que je lui ais fait, d’y ressasser, me passant en boucle la scène de mon ignominie dans mon esprit tourmenté. Comment peut-elle seulement désirer encore me voir ? Ou alors est-ce seulement l’effroi qui l’a fait accepter que l’on discute ? Peut-être n’avait-elle aucune envie de me revoir ici, peut-être implorait elle nuit et jour pour ne plus jamais avoir à croiser mon chemin un jour. Je pivotais légèrement vers elle à cette pensée pour examiner son expression, elle semblait impassible, bien que pas vraiment sereine.

Edward, machinalement, se dirigea jusqu’à sa voiture. Une fois près de la portière conducteur il se ravisa et observa autour de lui, détaillant les parages environs. Il y avait un bois d’une taille plutôt comique qui enveloppait presque totalement le lycée, il jugea que c’était le plus adéquat pour ce dont ils avaient à parler. Il jeta un coup d’œil à Bella qui semblait se demander ce qu’ils attendaient là, tous les deux sur le parking, près de la Volvo métallisée.

Viens… Dit-il uniquement, lui indiquant d’un signe de la tête le bosquet un peu plus en hauteur. Ils se mirent à avancer côte à côte dans le silence le plus total.

Et c’était horriblement désagréable songeait-il, le fait que ni elle ni lui ne daigne parler durant le bref trajet. Par moments, Edward avait l’impression d’intercepter un de ses regards en biais, comme si elle était prête à détaler en sens inverse d’un moment à l’autre. Il était vrai que le sous-bois qu’ils approchaient n’était pas des plus joyeux, il semblait y faire curieusement sombre, et ça aurait donné des frissons à n’importe qui, n’importe qui d’humain bien entendu.

Tu as peur ? Lui demanda-t-il d’une voix plus douce que les fois d’avant où il s’était adressé à elle, ainsi, il brisa le silence qui s’était établi durant ces quelques dernières secondes qui lui avaient semblé interminables.

Alors que j'attendais patiemment qu'Edward prononce les premiers mots qui marqueraient le début de notre conversation, il eut l'air de changer d'avis quant à l'endroit ou nous devions parler. Il jeta de brefs regards autour de nous et j'attendais, tête baissée. Ce silence me dérangeait de plus en plus. Depuis que je savais ce qu'il était, ce silence qui avait existé a une époque avait totalement disparu pour laisser place à des rires et à des paroles dont le sens était souvent très simple. Aujourd'hui, le silence s'était a nouveau installé, avec ce malaise qui le caractérisait si bien.

Viens… me dit-il en désignant d'un mouvement de tête le bosquet qui bordait une partie du lycée.

Je le suivis sans poser de question vers le bosquet. Nous marchions côte à côte et ni lui ni moi ne prononcâmes un seul mot pendant le trajet qui séparait le parking de la forêt. Aller dans la forêt en sa compagnie ne me faisait pas peur. Ce qui m'effrayait, c'était la conversation qui allait suivre .De temps en temps, nos regards s'étaient croisés alors que nous avions tous deux tourné la tête l'un vers l'autre. Je ne voulais pas qu'il pense que j'étais effrayée a l'idée d'être dans ce bois avec lui. Ca n'était pas le cas. J'aurais peut-être du le rassurer sur ce point mais je ne fis rien.

Tu as peur ?

Je tourna à nouveau la tête vers lui. Le ton qu'il avait employé s'était adouci en comparaison à la dernière phrase qu'il m'avait adressée. Mes craintes étaient fondées. Il craignait que j'ai peur. Comment pouvait-il craindre ça ? Oui j'avais peur. Peur de le perdre, peur qu'il m'en veuille, peur que les choses changent, mais je n'avais pas peur d'aller dans cette stupide forêt avec lui. Je secoua négativement la tête pour lui répondre.

Nous allions entrer dans le bosquet. Je continuais de suivre Edward, sans dire un mot. Je restais attentive aux nombreuses branches et autres herbes qui jonchaient le sol humide, les évitant lorsqu'elles rendaient le passage un peu risqué pour moi. Je cherchais en vain quelque chose a dire. Je ne voulais pas débuté la conversation, elle viendrait bien assez tôt. Pourtant, ce n'est pas les questions qui manquaient mais plutôt la peur de les poser.

D'un mouvement léger, Bella fit non de la tête. Un mouvement quasi imperceptible, mais pour lui ça voulait déjà dire beaucoup. Il mourrait d'envie de lire en elle, voir si oui ou non, elle lui mentait à ce propos. Il était facile en effet de faire un faible non de la tête et penser fortement "oui". Il acquiesçai malgré le doute qu'il ne fit paraître devant elle, inutile de compliquer la tache.

Le bois s'ouvrait à présent devant eux, et ils y pénétrèrent en un léger mouvement de recul de la part d'Edward qui menait la marche. Il savait qu'une fois cette discussion faite, tout retour en arrière serait impossible. Sans avoir besoin de se retourner pour le savoir, il entendait les pas lents et mal assurés de la jeune fille qui semblait avoir du mal à parcourir le trajet semé d'embuches qui ne comptaient pas pour le vampire, beaucoup trop agile. Dans l'humidité de la forêt, et à la fois cette air lourd qui s'en dégageait, le parfum de Bella le frappait de plein fouet, et il ne pu se retenir, sachant qu'elle ne le verrait pas, d'humer discrètement l'air alentour. Le feu dans sa gorge lui fit regretter cet acte.

Le silence était pesant, on entendait alors chaque branches se briser, chaque feuille bruit, le vent vous soufflait dans les oreilles d'une façon légère et les rares oiseaux qui passaient rapidement au dessus de leurs têtes dont les ailes fendaient l'air. Edward ralentit le pas, jusqu'à s'immobiliser complètement. Il observa d'un regard morne les arbres qui les entouraient de façon triste. Lorsqu'il se retourna, le bruit de sa veste se froissant contre son t-shirt fin sembla un boucan d'enfer.

Bella. Murmura-t-il simplement en plongeant son regard dans le sien.

Il resta à distance, se contentant de la couver de son regard, pas d'une douce façon, son regard était toujours aussi morne et abattu, sans vie, littéralement, comme l'on observe quelque chose de déjà mort, quelque chose de condamner.

T'as-t-on expliqué où j'étais ?

Ce début lui semblait inapproprié, mais il n'avait rien d'autre en tête, aucun autre commencement.

Sache que je n'ai pas voulu te fuir, je n'avais pas le choix.

Il soupira.

Mais je manque à tous mes devoirs. Je ne t'ai même pas poser la principale question... Est-ce que tu vas bien ? Je veux dire.. Est-ce que.. ?

Il se trouva tellement ridicule qu'il préféra laisser sa phrase en suspens. Elle comprendrait.