Il y avait beaucoup de chose que j'avais loupé pendant la bataille. En premier lieu je n'avais pas pu me battre et ce, pour plusieurs raisons. La première, c'est que je m'étais imprégnée. Mais j'aurai pu passer outre, si on m'avait laissé l'occasion de bouger... Et ça, c'était la seconde raison. Une vampire nommée Jane apparemment m'avait cloué sur place en me faisant tomber à genoux de douleur avec un don à la gomme. Si je la choppais celle-là aussi... Bref. Ce n'était pas le sujet. En second lieu, je n'avais pas pu protéger Démétri - je savais son prénom maintenant - à cause de la deuxième raison du premier lieu. C'est bon, vous suivez toujours ? Bref. En troisième lieu, je n'avais pas pu m'expliquer et dire le pourquoi du comment j'avais kidnappé Démétri pour le sauver. Mais ! Ce n'était pas pour tout ça que j'étais venue ici, à La Push, le repère des loups-garous. En fait, ça n'avait même rien à voir ou presque, sauf qu'il fallait bien que je commence le sujet par quelque chose.

Bref ! J'étais donc sous forme loup, longeant les falaises de La Push à la recherche de celle qui m'avait sauvé la mise deux fois. La première en sautant sur Démétri pour sauver les deux gamins sans lui faire mal. La seconde, et la plus importante, pour s'être occupée de Jane, me permettant ainsi de me reprendre et d'aller chercher mon vampire. Donc, je lui étais doublement redevable... et doublement reconnaissante. Cette fille m'avait littéralement sauvé la vie. Et je ne connaissais même pas son nom ! Le monde était dingue. J'avais de grandes lacunes de prénom. J'avais beaucoup de tête à l'esprit, et j'étais incapable de mettre un nom sur chacune d'elle... qu'elles soient amies ou ennemies. Bref, je servais vraiment à rien à ce sujet. J'arrivais enfin à vue du village.

J'avais revêtis ma forme loup pour deux raisons. D'abord, j'étais beaucoup plus repérable ainsi et je pouvais capter les pensées des autres loups. Ensuite, ma forme humaine était beaucoup trop vampirique pour être acceptée dans une réserve de loup-garou. Enfin, parce que c'était certainement sous cette forme que la louve qui m'avait sauvé la mise me reconnaitrait le plus facilement. Une fois assez proche du village et bien en vue - je n'avais pas à me soucier de mon apparence puisque tout le monde était au courant ici - je m'assura être bien dans le sens du vent avant de pousser un léger hurlement, appelant la demoiselle. J'espérais seulement qu'elle m'entendrait et qu'elle accepterait de venir à ma rencontre.

Je n'eus pas longtemps à attendre. A croire que ma voix portait loin... Bref ! Avec l'odeur d'iode qui saturait l'air et le vent à contre sens, ce ne fut pas mon nez - enfin, ma truffe en l'occurrence - mais mes yeux qui aperçurent les premiers la louve sous forme humanoïde. La peau légèrement halée, ses cheveux noirs flottant au rythme du vent, plutôt jolie, elle avait tout de typiquement indien. Je ne lui donnais pas plus de dix-huit ans, grand maximum... J'attendis patiemment qu'elle s'approche de moi, sans bouger le moindre muscle... Il ne fallait pas non plus qu'on croit que j'étais agressive, alors que j'étais là pour la remercier. Quand elle fut assez proche, je pus remarquer alors qu'elle avait également hérité des yeux noirs de ses ancêtres. Par contre, elle était encore sous forme humaine... Donc ça supposait qu'il allait falloir que je me métamorphose de nouveau. Heureusement que j'avais pensé à prendre des fringues... Si j'aimais marcher pieds nus, se balader en tenue d'Ève était un peu plus gênant.

Bah tiens, qu'est-ce que je disais. Je hochai légèrement la tête avant de disparaitre rapidement dans les broussailles. N'empêche, il allait falloir qu'on m'explique... C'était pas eux qui étaient censés être les loups-garous dans l'histoire ? Et ils se prennent pour des fous s'ils parlaient à des loups de deux mètres de haut... Hmhm. Ils avaient l'air d'être franchement hypocrites dans sa tribut, j'aimerai pas aller vivre chez eux. Bref. Je m'habillai à vitesse vampirique - parfois, être hybride, ça avait du bon - et émergea des bois à peine quelques secondes plus tard, habillée sans la moindre brindille qui dépassait. La grande classe... Mouais, question de pratique. Je passai une main dans mes cheveux - ils avaient tendance à s'emmêler entre les transformations - et la saluai rapidement d'un signe de tête. Bon, maintenant il allait falloir expliquer le pourquoi du comment j'étais ici.

Elle me détailla rapidement alors que je m'avançais vers elle, un léger sourire flottant sur ses lèvres. Elle avait l'air en forme, et plutôt de bonne humeur... Tant mieux. Sans hésitation, elle s'approcha de moi et son sourire se transforma en un rire léger et doux alors qu'elle me répondait :

Bon, au moins elle ne regrettait pas ce qu'elle avait fait... Pas qu'elle avait une raison de le faire mais on ne savait jamais après tout. Les mauvaises langues étaient communes partout, et puis elle aurait pu ne pas être très heureuse que je protège un vampire carnivore. Je l'aimais bien cette file... Bon, par contre, il fallait peut être que je me présente moi aussi. Je lui souris en retour et lui répondit sur le même ton.

Je n'étais pas du genre à me fier aux apparences, à la race ou à tout autre critère basique, mais étrangement, je sentais que j'allais bien m'entendre avec cette fille. Bon, peut être le fait qu'elle ait empêché la mise à mort de Démétri y était pour beaucoup, mais un petit quelque chose me soufflait à l'oreille que, même sans ça, nous nous serions bien entendue.

Étrange question. Je me demandais pourquoi elle voulait savoir ça mais c'était peut être simplement de la curiosité... Mais bon, de toute façon, d'abord elle pouvait le savoir très facilement, et ensuite c'était le genre de question qu'on pouvait poser sans la moindre arrière pensée. Bon, je doutais qu'elle soit vraiment ravie d'apprendre qu'un vampire carnivore rodait dans les environs, mais c'était une louve, elle devait comprendre par quoi je passais. Parfois, la compagnie lupine avait du bon.

Bon, inutile de rajouter qu'en plus, j'étais médecin et que donc, même s'il était blessé sérieusement, j'aurai été capable de m'occuper de ses blessures... Mais bon, ça n'avait pas été le cas, alors pourquoi s'en faire ?

Elle rit à ma phrase et je ne pus m'empêcher de sourire en retour. Je me sentais bien en sa compagnie et je m'étonna une nouvelle fois d'à quel point j'avais changé en l'espace de quelques semaines. Avant ma venue à Forks, je me serai tout de suite méfiée de ce climat de confiance qui s'était installé si facilement entre nous. Maintenant, bien que je l'envisageai comme une possibilité, ce n'était plus à l'ordre du jour. J'étais plus détendue je crois, moins sur mes gardes. Elle me fit un léger signe de la main, m'invitant à la suivre et je m'exécutai sans hésitation. J'aimais bien sa présence, et je n'avais rien de particulier à faire... Donc autant en profiter pour faire plus amples connaissances non ? Elle m'entraîna tout près des falaises et s'assit au bord de l'une d'elle, les pieds pendant dans le vide... Cette attitude aurait pu être dangereuse si nous avions été humaines car la mer était quelque chose d'imprévisible... Le morceau de falaise où nous étions pouvait s'écrouler à tout moment. Mais d'abord, nous l'entendrions tout de suite, et même si ce n'était pas le cas, nous étions assez rapide pour sauter sur le bord à temps... et même si nous tombions, nous étions assez solides pour résister à la chute. La vie est belle quand nous étions immortel n'est-ce pas ? Elle tapota doucement la place à côté d'elle et j'y pris place, mon regard se perdant à mon tour sur l'horizon.

Un loup-garou... meilleur ami avec... un vampire. On aurait tout vu ici décidément... Je restai un instant surprise. C'était possible ça ? Oui sans doute puisqu'elle le disait, et puis elle n'avait aucune raison de mentir... Non, vraiment, c'était une ville pleine de surprise. J'avais bien fait de rester. Je gardai le silence quelques secondes, le temps de me remettre du choc. J'aimais définitivement cette fille. Elle m'avait sauvé - et donc Démétri aussi par la même occasion - et elle avait su surmonter ses préjugés pour devenir l'amie d'un vampire. Une fille bien, je vous le dis. Je souris, à la fois pour moi-même et pour elle et lui répondis doucement, sans quitter l'horizon des yeux.

Elle rit de nouveau à mes paroles, et je sentis son regard se poser sur moi. Néanmoins, je ne bronchai pas et la laissai m'examiner tout son saoul si cela pouvait lui faire plaisir. Mes yeux ne quittèrent pas l'horizon alors que le soleil entamait sa lente descente vers l'horizon. Je l'avais vu des centaines de fois, et pourtant je ne pouvais me lasser de ce magnifique spectacle. Brusquement, je pris conscience que ma peau devait irradier de cette lumière coruscante. Contrairement aux autres vampires, elle ne scintillait pas comme de minuscules diamants mais plutôt... comme si j'avais avalé une ampoule, comme si la lumière venait de l'intérieur. Mes cheveux sombres prirent à leur tour des reflets rougeoyants, comme brûlant de l'intérieur. Le soleil embrasa le ciel de ses rayons ardents et la mer, miroir des cieux, les fit se mouvoir tel une flamme léchant la terre dont le foyer serait l'astre solaire.

Emmett... Ce nom me disait quelque chose. Mon visage resta inexpressif alors que je fouillais dans ma mémoire les origines de ce nom. Je voyais tellement de gens dans la journée à l'hôpital qu'il m'était parfois difficile de retenir le nom de tout le monde malgré ma mémoire vampirique qui se mêlait à celle du loup. Voyons... Déjà, il ne pouvait pas s'agir de l'un de mes patients, je n'avais pas le souvenir d'avoir soigner ou opérer un quelconque vampire. Hmm... Un vampire nommé Emmett. Oh ! J'y étais ! Ma mère m'en avait parlé quand elle avait évoqué sa nouvelle famille. C'était certainement le même, mais je préférais vérifier.

Alors que je la regardais, curieuse, elle eut l'air... comment dire... gênée ? Embarrassée ? Mal à l'aise ? Oui, un peu tout ça en même temps en fait. Apparemment, c'était un sujet assez sensible. Je l'observai, à moitié perdue dans mes pensées à la recherche de ce qui pouvait bien la gêner... Les pores de sa peau se dilatèrent, la faisant rougir furieusement, et ses yeux me fuirent tout à coup pour se perdre dans l'horizon. Qu'avais-je dit ? Avait-elle honte de son meilleur ami ? Pourtant, il ne me semblait pas avoir dit quelque chose de déplacer... Faire partie de la famille Cullen était une honte ou quelque chose comme ça ? Esmé était ma mère, et elle était la chef de meute avec Carlisle... Par respect pour elle, je n'avais donc pas le droit d'attaquer ses enfants, si adoptifs étaient-ils... Bon d'accord, si c'était eux qui commençaient, je n'aurai aucune hésitation à me défendre, il ne fallait pas charrier non plus. u_u"

Il ne vivait plus avec eux... Hm. Lequel c'était alors ? Edward était celui qui avait du partir pour l'Italie pendant un temps, et dans un sens, le responsable de tout ce bazar. Après il restait Emmett et Jasper... Oui, il me semblait bien que ma mère avait parlé d'un des deux qui avait quitté la famille. C'était donc Emmett. Par contre, voyant que c'était un sujet sensible pour elle, je n'avais pas insisté et on avait rapidement changé de sujet. Bon alors, maintenant s'il était là à la bataille, j'étais certainement en mesure de me souvenir de lui. Alors... Je me souvenais d'Edward et de sa cape sombre... de Jasper et ses cicatrices... alors l'autre devait être Emmett, le grand baraqué. Par contre, j'ignorai totalement ce qui s'était passé pendant la bataille, à cause de cette stupide gamine blonde. Et puis même, je n'avais rien contre les vampires. J'étais imprégnée d'un carnivore après tout.

Elle semblait ignorer les liens qui m'unissait à Esmé. Ah ! Finalement ma mère n'avait pas mis de banderoles un peu partout dans la ville, je commençais à avoir des doutes. Enfin, je me doutais bien que c'était en grande partie à cause des dons de ses enfants si particuliers mais quand bien même, je trouvais qu'il y avait beaucoup de personne au courant. Mais visiblement, ma jeune nouvelle amie ne le savait pas. Avait-elle besoin de le savoir... ? Je ne pensais pas, mais je ne comptais pas lui cacher non plus. Je n'étais pas du genre à raconter ma vie à tord et à travers si je pouvais faire autrement, mais je savais écouter et garder des secrets. Une vraie tombe.

Oh, ça ça voulait dire que j'allais certainement en savoir un peu plus sur les Cullen et ce qui se passait dans cette famille. Pour ne pas faire souffrir ma mère, j'avais évité de poser trop de question et j'avais rapidement changé de sujet, mais si je pouvais en savoir un peu plus, ce n'était pas plus mal. Ainsi, je pouvais un peu plus aider ma mère ou alors éviter les sujets sensibles ou de dire de grosses bêtises. Je n'aimais pas être coupable d'ignorance. Et comme je venais de le dire, je savais écouter les gens et n'étant pas du tout dans l'histoire, j'avais un point de vue très neutre sur la situation.

Elle sembla se concentrer un instant, songeant certainement à tout ce qu'elle devait me dire pour que je comprenne. J'étais de nature curieuse, mais pas fouinarde, aussi à part si le sujet m'était important ou franchement intéressant, je ne fourrai pas mon nez dans toutes les affaires des autres. Patiente, j'attendis calmement qu'elle commence son récit :

Ca faisait beaucoup d'information d'un coup en fait. Je ne savais pas que Rosalie était avec Paul, j'ignorais même qui c'était. Je fouillais dans ma mémoire. Il y avait bon nombre de gens à cette bataille... Alors, remettons tout ça dans l'ordre. Rosalie était l'une des filles adoptives d'Esmé. C'était la... euh... blonde, celle qui venait tout droit d'un défilé de mode. Ok, je me souvenais de sa tête. Et donc, elle sortait avec un dénommé Paul qui était... euh... quelqu'un. Jusque là je suivais. Et donc, avant, la Rosalie était avec Emmett, l'autre baraqué de fils d'Esmé. Et comme ils étaient ensemble, c'était qu'ils s'aimaient... Ok. Mais un jour, Rosalie a rencontré Paul et... j'imaginais très bien la suite. Ils étaient devenus plus que des amis et la demoiselle avait trompé son ancien amoureux et nous revoilà avec une histoire de fesse.

Là, ça commençait à se compliquer. Comme je l'avais pensé, Rosalie avait bien trompé Emmett avec ce Paul. A ce moment là, Leah et Emmett sont devenus amis mais il a fini par se rendre compte qu'il était cocu... Oh ! Un autre détail important. Si Paul était comme un frère pour Leah alors ça voulait dire qu'il était... un loup-garou ? C'était vraiment une ville de dingue. Les vampires et les loups-garous, censés être les pires ennemis héréditaires que le monde ait jamais porté, devenaient amis entre eux, et maintenant couchaient même ensemble. Monde de dingue. Bref, il y avait encore eu un problème et finalement, Emmett a disparu sans étriper le loup. J'admirai son sang-froid et son self-contrôle... Peu d'homme aurait eu autant de retenu. Bref, finalement ils devaient se détester cordialement mais ils évitaient de se croiser. Je pense que j'avais compris.

-Par 'méchant', je suppose que tu veux dire 'carnivore' ? ...Ne t'en fais pas, je n'ai rien contre eux... ce serait un peu hypocrite de ma part. Et d'après ce que j'ai compris, Paul est un loup-garou ?

Elle avait tout compris. Miracle ! Elle était vraiment intelligente ! N'importe qui à sa place m'aurait demandé de répéter certaines choses. Mais pas elle ! Elle montait dans mon estime. (Encore.)

Elle était aussi très perspicace. Elle comprenait ce que j'avais voulu dire par "méchant" et elle n'avait pas l'air de le prendre mal. Bon point pour elle ! Elle avait aussi compris que Paul était un loup, comme moi. Autre point pour elle. Je veux pas dire mais je l'aime de plus en plus cette fille. Vous allez dire que je radote mais c'est surtout pour m'en convaincre moi-même. Elle était à moitié vampire quand même !

-Oui c'est ça. Il est devenu carnivore, comme tu dis. Et oui, Paul est bien un loup.

Je souris. Elle était vraiment sympa. On pouvait devenir de vraies amies. Ca, c'était sûr. Et puis ... J'attendais maintenant. J'attendais qu'elle me donne son humble avis. Et oui, je faisais dans la poésie maintenant (Rapport à "humble" ^^). En tout cas, elle ne se décidait pas. Pourquoi ça ? C'était bien mon but, lui raconter cette histoire pour qu'elle puisse m'aider. Elle le savait, non ? Non ? Elle avait du oublier !

Ah mais non ! Suis-je bête ! J'avais juste oublié de lui dire. Je l'avais pensé très fort. Tellement fort que j'étais persuadée de lui avoir dis. Bon, autant le faire plus tard que jamais. Je fus prise d'un rire incontrôlable à cette idée. C'était à s'en rouler par terre. Pourtant, comme depuis un bout de temps, mon rire se stoppa net au bout de quelques secondes, aussi vite qu'il était venu.

-Qu'en penses-tu ?

Apparemment, elle eut l'air ravie de mes réponses. A croire que j'avais découvert quelque chose de spécial... Je ne comprenais pas trop pourquoi, mais j'en étais heureuse. J'avais rarement l'occasion de parler à quelqu'un de... euh... plus ou moins mon age. Enfin, j'approchais du demi-siècle mais bon, je parlais ici d'age physique. Et je ne suis pas vieille ! è_é Bref. Le sourire de Leah s'agrandit un peu plus et je m'en réjouis. Je me répétais peut être, mais j'aimais bien cette fille... Peut être allons-nous finir par devenir amies mais n'allons pas trop vite. Déjà que je m'entendais bien avec quelqu'un, c'était un mini-exploit pour moi.

Ah ! Je suis trop forte, vous pouvez pas test. Enfin, j'avais un cerveau vampirique quand même, donc il marchait beaucoup plus vite que celui des autres humains... Et c'était bien pratique, ça me permettait de réfléchir à ce que je disais avant de répondre à mes patients, le tout sans qu'ils s'en aperçoivent. Ahah, la bande de n00b quand même... Bref. Elle venait de raconter son histoire, et elle avait bien confirmé ce que j'en avais déduit. Elle me regarda intensément, attendant visiblement une réponse... Ah oui, certainement voulait-elle mon point de vue. Il fallait que je réfléchisse à tout ça... Mais que lui dire ? C'était triste et dommage mais... que voulez-vous, c'était la vie.

Minute ma belle, ça vient. Je ne voulais pas risquer de perdre notre peut être future amitié alors je n'avais pas intérêt à dire un mot de travers... Mais je ne pouvais pas non plus lui répondre en Normand. De plus, elle semblait attacher à tout les deux, sauf Rosalie à la légère répugnance que j'avais senti lorsqu'elle avait prononcé son prénom. Bref, il valait mieux dire la vérité sur ce que je pensais, et puis je n'avais aucun intérêt à mentir ou à faire l'hypocrite alors autant être sincère.

Je marquai une légère pause pour chercher soigneusement mes mots. Si je devais m'exprimer correctement, autant faire les choses biens.

De nouveau, je fis une légère pause. J'avais du user mon quota de mot pour le mois avec tout ça. Je n'avais pas pour habitude de parler aussi longtemps... Bref, je venais de dire mon point de vue sur la situation passée et actuelle. Maintenant, peut être fallait-il que je fasse mes prévisions pour l'avenir – et non, je n'avais pas trop regardé la météo.

Là, c'était mon quota de mot pour l'année que j'avais utilisé. Après ce monologue, je me tus de nouveau, réfléchissant moi-même à ce que je venais de dire.

Elle me fit un sourire étrange, un peu crispé et pas forcément très naturel... Comme si elle se forçait à le faire. Ce n’était pas un véritable sourire, et j’eus peur un instant d’avoir dit quelque chose de travers. Après tout c’était possible, je n’avais pas l’habitude de parler autant et donc quand on commençait à trop parler, on avait plus de chance de dire quelque chose de mal... Cependant, quand je déchiffrai son expression, je m’aperçus que non, au final je n’avais rien dit de mal. J’avais simplement du confirmer ses doutes en lui annonçant les temps ombrageux qui s’avançaient... Je lui fis un léger sourire en retour. Je ne voulais pas jouer les oiseaux de mauvaises augures mais... C’était la vérité.

Puis, mon regard se porta de nouveau sur l’océan, alors qu’un silence confortable s’installait entre nous. J’avais toujours aimé le silence, il était reposant... Je savais que beaucoup le trouvait oppressant et se sentait presque obligé de le briser, quitte à parler tout seul. Alors que je fermai les yeux pour mieux savourer le son des vagues se fracassant sur les falaises à nos pieds, je sentis que mon interlocutrice cherchait à me dire quelque chose... Soit elle n’osait pas me faire une remarque, soit elle ne savait pas quoi dire pour reprendre la conversation... C’était assez amusant en fait.

Oh, finalement c’était la seconde option à mon avis. Je rouvris les yeux et les posai de nouveau sur la louve-garou, un léger sourire sur les lèvres. C’était un sujet de conversation un peu plus léger que celui dont nous venions de parler... Comme pour faire connaissance.

J’avais prononcé ma dernière phrase avec les sourcils froncés et un léger air d’enfant boudeur et mauvais joueur. Sauf que c’était vrai, la console ne détectait pas les mouvements à vitesse vampirique et donc, je me faisais avoir à chaque fois... M’enfin.

Elle sursauta quand je repris la parole. Tiens, c’était amusant ça, pourtant à la voir j’aurai juré qu’elle était plutôt du genre à bavarder et à tout faire pour combler le moindre silence dans une conversation... Peut être avais-je une mauvaise – ou bonne – influence sur elle. Moi j’étais plutôt du genre à tout faire pour qu’il n’y ait pas de conversation, je n’aimais pas trop parler et discuter. Ecouter les autres ne me dérangeait pas, mais j’avais un quota de mot maximum par semaine et par mois. *o* Bon, peut être pas, mais en tout cas, c’était l’idée. Elle me regarda un moment avec un léger air étonné, visiblement surprise de la tournure de la conversation... C’était vrai que c’était assez étrange, il y avait à peine cinq minutes, nous parlions du triangle amoureux avec son meilleur ami, un membre de sa meute et une autre vampire. Et là, on se disait ce qu’on faisait pendant notre temps libre. Je tournai la tête vers elle quand je sentis qu’elle parlait pour me répondre.

Je souris sous ma cape. Elle vadrouillait et elle se promenait... Pour la majorité des gens, c’était la même chose. Quand on ‘partait en vadrouille’, c’était qu’on allait faire un tour à l’extérieur – ou non d’ailleurs, mais il allait falloir qu’on m’explique où était l’intérêt de se promener à l’intérieur d’un bâtiment – pour se changer les idées. Sauf que là, elle avait bien distingué vadrouille et promenade... Je n’étais pas stupide et j’étais à moitié loup. Elle avait une meute. La Push était son territoire. C’était un loup-garou. J’avais déjà repéré l’odeur de pas mal de loup en me promenant dans les bois. Je n’avais pas fait attention à ces dernières, mais j’étais sûre que si je me concentrais, je pourrais retrouver la sienne dans le lot... Elle ne vadrouillait pas, elle patrouillait. Elle surveillait son territoire, et dans mon esprit semi lupin, c’était absolument normal... Au contraire, c’était l’inverse qui m’aurait étonné.

Maintenant, je ne voyais vraiment pas pourquoi elle tentait de me cacher ça. C’était quelque chose de logique, même les vampires devaient s’en douter et même le sentir aux odeurs contre les arbres. De plus, j’étais mi-loup, donc j’étais encore mieux placée pour le savoir... Il fallait vraiment me prendre pour une abrutie pour ne pas comprendre ce qu’elle sous-entendait. Un peu narquoise, je l’observais un moment mais je ne dis rien. Après tout si elle ne voulait pas m’en parler c’était son problème et je n’avais pas l’intention de lui tirer les vers du nez. Mon regard se reporta sur l’horizon et je laissais de nouveau le silence s’installer entre nous, me laissant m’apaiser avec le bruit des vagues. Les minutes passèrent lentement avant que je ne jette un coup d’œil au soleil pour deviner l’heure qu’il était. Il était si tard que ça ? Je n’avais pas prévu de rester aussi longtemps, après tout je n’étais ici que pour la remercier mais j’avais passé un bon moment avec elle. Et puis, si elle commençait à me cacher des choses, je ne voulais pas la mettre mal à l’aise. Je repris la parole doucement tout en me levant.